Le Développement durable au service d’un capitalisme plus vertueux
Souvent, nous associons développement durable et environnement, sans aller plus loin. Et pourtant, si nous lisons les objectifs de durabilité des Nations-Unis, nous pouvons aller beaucoup plus loin pour un capitalisme plus vertueux. Le développement durable nous permet de combler nos besoins sans empêcher les générations futures de le faire. Nous comptons trois axes de réflexion autour d’enjeux environnementaux, mais aussi économiques et sociétaux.
Entre enjeux économiques et sociétales : le principe de valeur partagée
Comment mélanger ces valeurs, non antinomiques, mais simplement très différentes ? C’est ce que nous permet le développement durable : repenser complètement notre conception du système capitaliste. Trop longtemps nous avons séparé les bénéfices des entreprises avec des questions qui relèvent toujours du secteur public : la préservation des écosystèmes naturels, l’habitation, l’éducation, les facilités de transports, etc. Le principe de localité s’est perdu en faveur de la globalisation des marchés, de l’offre et de la demande. Les entreprises sont à la merci de l’économie mondiale qui les pousse à offrir leurs produits ou services toujours plus bas. Cela favorise certes l’innovation et le besoin de se différencier, mais entraîne également des délocalisations, et une valeur-travail sous-évaluée.
L’idée de durabilité implique, en plus des conséquences environnementales en partie imputable à ces délocalisations, de favoriser l’humain en associant la valeur sociétale avec la valeur financière. Pour cela, il est important de mettre en place de vraies chaînes de valeur locales plutôt que de trouver chaque élément nécessaire à la production de nos biens ailleurs, là où cela sera le moins cher mais qui engendrera des coûts environnementaux plus importants par le transport de marchandises. Cela peut passer par de la formation, une revalorisation du travail ou du savoir-faire adéquat, qui entraîne ensuite un cercle vertueux impliquant enjeux économiques et sociétaux. Nous appelons ces vases communiquants la création de valeur partagée.
Calculer un bilan environnemental en plus de son bilan financier
En plus d’une responsabilité sociale que nous souhaitons à présent voir dans nos entreprises, la question de l’environnement reste majeure dans l’industrie d’aujourd’hui. La communauté européenne les oblige ainsi à publier un bilan carbone, au même titre qu’un bilan financier. Néanmoins, bien que des entreprises innovantes au service de la data science peuvent les accompagner, le bilan carbone de chacun reste difficile à définir. Calculer les émissions de GES (gaz à effet de serre) ne peut être réalisé que par une méthode propre à chaque secteur d’activité, à chaque entreprise. Et pourtant, nous avons besoin d’analyser ces chiffres sous le même prisme pour un meilleur état des lieux et une redéfinition constante des axes d’amélioration.
Un bilan carbone est évalué sous trois scopes. Le premier permet d’évaluer les émissions directement imputables à la fabrication d’un bien, par exemple le chauffage d’un bureau jusqu’au carburant utilisé pour les machines agricoles exploitées. Le deuxième implique la consommation d’énergie indirecte nécessaire à cette fabrication, par exemple l’émission pour la production de l’électricité qui a servi à faire fonctionner son usine. Le troisième scope, souvent oublié par les entreprises, est quant à lui le plus difficile à définir. Il s’agit des autres émissions indirectes, liées cette fois à toutes les étapes de vie d’un produit.Pour ce troisième scope qui permet une vision globale des émissions GES par produits consommés, il faut compter sur une synergie de l’ensemble des acteurs de supply chain parfois très longues, rendant la tâche d’autant plus dur.
Le développement durable est donc un idéal à atteindre, avec de nombreux axes d’améliorations pour apporter une responsabilité globale des consommateurs-citoyens jusqu’aux grandes entreprises. Il intègre de nombreux enjeux pour nous permettre un capitalisme plus vertueux tourné autour de l’environnement et de l’humain, sans l’unique considération de l’aspect financier et du rendement. En réinventant la raison d’être d’une entreprise, c’est l’ensemble d’un système mondial que nous pouvons changer et améliorer.