Électrification durable : ambition ou engagement collectif ?
Nous pouvons parler autant d’engagement collectif qu’individuel quand on soulève la question du zéro carbone à horizon 2050. Il s’agit à la fois d’un engagement pour les générations futures mais également un engagement sur plusieurs échelles: de gouvernance, industriel, entraînant également de nouvelles consommations. Certains parleront même d’économie de post-croissance, et d’autres affirmeront que cette ambition est irréalisable. Quant est-il vraiment ? Pourquoi parler d’électrification durable dans le débat du mix énergétique de demain ?
L’électrification durable : un engagement collectif
La production d’énergie, si importante dans notre société actuelle, représente le secteur le plus émetteur de CO2 depuis la Révolution Industrielle. Mondialement, il s’agirait de la moitié de notre bilan carbone, selon les publications de l’AIE de 2021. Elle est suivie par les transports, celui de l’industrie et par le secteur résidentiel. Plus précisément, la production d’électricité dans les émissions carbone serait de 41% sur les 47% liés à l’énergie. Cette consommation ne va cesser de croître ces prochaines années : mobilité électrique, nouveaux process industriels, nouvelles consommations résidentielles liées à la sortie des énergies fossiles (enfin) mentionnée lors de la COP 28 à Dubaï.
Au-delà d’un objectif de décarbonation, l’électrification répondrait directement ou indirectement à douze des dix-sept objectifs de développement durable, selon Nexans, l’un des leaders du câble participant à de nombreux projets d’électrification en Europe et dans le monde. On peut facilement la lier à l’amélioration de la santé et de la sécurité sanitaire, l’accès à l’éducation et aux technologies de communication, l’amélioration de la productivité, notamment agricole, entraînant également l’amélioration de la vie des femmes dans certaines régions du monde. Mais peut-on décarboner complètement notre électricité ?
Le manque d’information entraîne un désengagement des consommateurs
Si ces changements de production et de consommations sont avant tout des engagements, le manque d’information sur les solutions qui s’offrent à nous constitue un véritable frein pour nos ambitions collectives. Heureusement, bien que le secteur énergétique peine à recruter dans certaines de ses filières, les entreprises actrices de cette transition énergétique redoublent d’engagement dans l’innovation de leurs technologies. Mais où résident nos solutions pour faire face aux enjeux énergétiques ? Comment tirer la vérité entre promesses industrielles et pessimisme des non initiés ? Si nous connaissons les énergies renouvelables et le nucléaire, ces sources décarbonées sont victimes d’une mauvaise communication et d’une mauvaise compréhension de nos enjeux énergétiques.
Sortir des énergies fossiles impacte directement nos consommations : l’installation de pompes à chaleur, la suppression de nos gazinières, une nouvelle mobilité électrique et partagée… tout cela entraîne des efforts financiers, une adaptabilité sur des éléments acquis depuis plusieurs générations et sur lesquels s’est construite notre société. Comprenons donc l’ampleur et la nécessité des engagements qu’on nous impose. Si la France a pris de nombreux retards sur son indépendance énergétique, le pays possède également de grands potentiels en matière nucléaire et éolien. Dans notre situation, il nous paraît impossible de privilégier une source au détriment d’une autre mais nous devons entrer dans la quatrième révolution industrielle, numérique et prédictive, afin de construire des infrastructures adaptées aux nouvelles ressources et à leur diversification. De là dépend également notre indépendance énergétique : plus nous produisons localement, plus notre économie se libère.
L’engagement de l’innovation et des entreprises : le bel exemple de l’éolienne
Si les coûts de l’éolien étaient à ses débuts (dans les années 1990) nettement supérieurs à celles des ressources fossiles, la tendance est à présent inversée. Les technologies avancent et rendent les éoliennes ainsi que le solaire très compétitifs. Bien que le calcul des coûts par ressource est largement débattue, il a été affirmé à plusieurs reprises que le coût du nucléaire représenterait 2,7 fois celui des énergies renouvelables. La Cour des Comptes publie chaque année un rapport présentant différents moyens de calculer cette donnée.
Mais l’éolien serait aussi la source d’énergie la plus vertueuse, avant le nucléaire et le photovoltaïque d’après l’ADEME. Se posait auparavant la question de recyclage des pâles d’éoliennes, à laquelle plusieurs grands acteurs industriels ont sû répondre. En effet, si le procédé de collage de leur résine ne permettait pas avant de les recycler, cela n’est plus le cas pour les nouveaux modèles. Quant aux anciens, différentes recherches sur la composition de leur matériau permettent aujourd’hui de les utiliser différemment, notamment comme ciment d’après Veolia North America et GE Renewable Energy.
De l’engagement individuel au collectif
Nous parlons donc d’engagement collectif et individuel face aux ambitions données par les gouvernances publiques, à la fois mondiales, européennes et françaises. Ces engagements ne peuvent être tenus que si elles se portent par toutes les échelles de notre société : les pouvoirs publics, les entreprises (d’un point de vue industriel et comme vecteurs d’innovation), mais aussi chaque individu qui consomme cette énergie de manière quotidienne. Pour cela, la compréhension de ces enjeux est primordial pour faire d’un engagement individuel un engagement collectif.